Ministre de la Justice Garde des sceaux
13, place Vendôme 75042 PARIS CEDEX 01
OBJET : QUESTIONS SUITE A VOS PRISES DE POSITION DANS L’AFFAIRE DIEUDONNE
Madame, Nous avons pris connaissance avec consternation et une profonde indignation de vos diverses réactions concernant l’humoriste DIEUDONNE. Vous avez dit entre autre : «Le racisme et l’antisémitisme sont des délits, qui souvent mènent au crime …Parce que lorsqu’on commence ce jeu pervers et nauséabond, ça commence par des différences visibles et ça finit par des différences imaginaires. Ça commence par des ricanements et ça finit par des meurtres isolés ou en série… un pitoyable bouffon spécule davantage sur les dividendes d’un scandale que sur les risques judiciaires. Ces provocations putrides testent la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance. Il nous.fàut y répondre».
Selon vous cette affaire n’est «pas que judiciaire mais aussi politique », DIEUDONNE.
Pour vous « Sanctionner Dieudonné est indispensable mais ne suffira pas ». Des propos aussi radicaux, fermes et engagés contre le racisme antisémite que DIEUDONNE est supposé incarner, nous amènent à nous interroger et à vous interroger.
Mme TAUBIRA, où étiez-vous, le 05 Février 2013 lorsque la cour de cassation française a rendu un arrêt par lequel la France, pays du Code noir, prétend une fois de plus expulser les Noirs de l’humanité ? Peut-être avez-vous oublié qu’en 2001, alors que vous étiez député à l’Assemblée nationale de la France, vous avez été le rapporteur de la loi qui reconnaissait que la traite et l’esclavage des Noirs constituaient un crime contre l’humanité.
Nous parlons de cette loi à l’imparfait car elle ne serait plus, les juges français prétendant en faire une coquille vide. Il semble en effet impossible que vous ignoriez qu’en 2013, alors que vous étiez déjà ministre de la justice de l’état français, (le même qui a organisé, pratiqué et profité de ces crimes contre les Noirs), la plus haute juridiction de ce pays rendait un arrêt disant que cette loi n’a aucune portée normative.
La France a de nouveau officiellement érigé le principe que votre peuple ne peut bénéficier d’une norme protégeant leur dignité humaine et que le texte que vous avez porté est sans valeur.
En clair cela veut dire que les crimes contre l’humanité ne peuvent être constitués -lorsque les victimes sont des Noirs. Ou en termes encore plus clairs, que les Noirs ne font pas partie de l′humanité.
Où étiez-vous, Mme TAUBIRA, le 05 Février 2013 lorsque la cour de cassation française, dont vous êtes le ministre de tutelle, a rendu cette décision immonde ? Quelle a été votre réaction face à une telle immonderie ? Avez-vous considéré que par « Ces provocations putrides » les juges français ont testé « la société, sa santé mentale, sa solidité éthique, sa vigilance … » à l′égard des Noirs ? Avez-vous considéré qu’« il nous faut y répondre»? Avez-vous considéré que cette décision ouvertement négrophobe n’était «pas que judiciaire mais politique » et nécessitait « une réaction à la hauteur du danger» ? Qu’avez-vous fait contre« ce jeu pervers et nauséabond» des juges français qui utilisent leurs pouvoirs à des fins racistes négrophobes.
Qu’avez-vous répondu, Mme TAUBIRA, à ces juges français racistes négrophobes, négationnistes, injurieux et qui, à l′inverse de DIEUDONNE, ne sont pas drôles ?
RIEN. ABSOLUMENT RIEN.
Votre silence a abasourdi ceux de votre peuple ! Votre impassibilité nous a désarmé !
Notre incompréhension était si grande que nous vous avons adressé une lettre ouverte pour vous demander de défendre « ce droit au respect des descendants des crimes contre l’humanité que vous avez contribué à faire reconnaître». Qu’avez-vous répondu à cette lettre ?
RIEN. ABSOLUMENT RIEN.
Quelques mois après l’immondice de la cour de cassation, vous étiez personnellement comparée à un singe, d’abord par une femme française qui préférerait vous voir dans un arbre plutôt qu’au gouvernement, puis par une enfant française qui proposait une banane à la guenon en vous désignant, et, enfin, par un journal français qui vous trouve « maligne comme un singe ».
Le ministre français de l’intérieur avait affirmé que le gouvernement étudiait les moyens d’agir contre la diffùsion dudit journal à paraître. " Nous ne pouvons pas laisser passer cela », avait-il déclaré en marge du colloque à l’Assemblée nationale sur les réponses à apporter face à la montée du Front national.
Cependant, le journal comportant des propos racistes négrophobes à votre encontre a été diffusé tout à fait librement et normalement, aucune circulaire du ministre de l’intérieur français ne l’ayant interdit.
Il est vrai que, présente vous-même au même colloque, vous aviez indiqué ne pas souhaiter réagir.
Mais enfin !
Etant personnellement visée par cette flambée de racisme négrophobe dirigée contre votre personne, il vous fallait bien réagir.
Quand même !
Alors, face à ces propos selon vos propres termes « d’une extrême violence » qui « prétendent m’expulser de la famille humaine, dénient mon appartenance à l’espèce humaine», vous avez répondu : «J’encaisse le choc, mais c’est violent pour mes enfants », et vous avez catégoriquement refusé de poursuivre en justice les racistes négrophobes en raison dites-vous « d’une dignité assumée que je tiens des nombreux soutiens que j’ai reçus ».
Que les juges français disent que les Noirs n’ont pas droit au respect de la dignité humaine cela vous laisse de marbre, que l’on vous « expulse » personnellement « de la famille humaine » cela suscite à peine de votre part une réaction tardive et timide, bien vite effacée par le soutien de quelques uns de vos bons amis blancs.
Oui, de toute évidence, Madame TAUBIRA, le racisme négrophobe vous indiffère.
Mais que l’on dénonce les dérives de ceux qui se prétendent sémites et juifs, et vous voilà en première ligne, multipliant les interventions fracassantes : le racisme antisémite ne passera jamais. Pour qui se prend-il ce nègre qui ose faire de l’humour sur les sémites juifs?
Sans entrer dans le fond, ce débat révèle de manière magistrale l’extrême virulence du racisme négrophobe qui n’a jamais cessé de diriger la France, et qui aujourd’hui se cristallise sur la personne de DIEUDONNE.
Le même ministre de l’intérieur qui avait «étudié les moyens d’agir contre la diffusion» du journal qui vous traitait de singe, sans toutefois en empêcher la parution, a su cette fois, en un temps record, non seulement prendre une circulaire, mais en outre obtenir l’aval d’une autre haute juridiction française, le Conseil d’Etat, pour interdire les spectacles de DIEUDONNE.
Le racisme négrophobe est actif, rodé et efficace en France. Que la France soit un pays raciste négrophobe personne ne l’ignore. Que le racisme négrophobe soit le fait aussi bien des Blancs aryens que des Blancs pseudos sémites juifs, c’est une évidence.
Que dans certaines situations, le racisme négrophobe de la France s’affiche sans fard et sans pudeur, cela arrive régulièrement.
Mais qu’au 21ème siècle, une Afro-descendante issue du viol, de la déportation et de la mise en esclavage de l’Afrique par l’Europe, vienne sans vergogne et sans aucune retenue au soutien des racistes négrophobes réclamer la tête d’un Nègre au profit de pseudos sémites juifs, c’est trop.Madame TAUBIRA vous avez franchi une limite. Que vous est-il arrivé pour que vous en soyez parvenue à ce point de négation et de trahison de vous-même ? Vous avez-dit, parlant de DIEUDONNE, «Il est triste, infiniment triste, d’achever une année sur les pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste ».
Madame TAUBIRA, il est triste, infiniment triste de voir une femme telle que vous s’indigner avec autant de force contre «les pitreries obscènes d’un antisémite » après avoir « encaissé » sans sourciller les propos négrophobes humiliants et dégradants venant des Blancs à votre encontre et, à travers vous, à L4encontre du Peuple noir.
Vous semblez incapable de vous émouvoir sur le sort de ceux de votre peuple et donc sur votre propre sort. Mais que vous est-il arrivé ? Mais que vous a-t-on fait pour en arriver là !? Ou es passé Walwari ! ?
Pour en terminer, vous avez dit de DIEUDONNE qu’il est «un pitoyable bouffon». Nous voudrions vous rappeler que le mot bouffon peut être pris dans plusieurs sens.
Le premier sens du mot bouffon est« Personnage de théâtre dont le rôle est de faire rire ».
En ce sens vous avez raison, DIEUDONNE est indéniablement un bouffon, il en a fait profession. C’est donc légitimement qu’il spécule sur les dividendes de ses bouffonneries qu’elles soient scandaleuses ou non.
Le mot bouffon désigne également un « Personnage ridicule » et l’expression Être le bouffon de quelqu’un, signifie « être pour lui un objet continuel de moquerie».
Madame TAUBIRA, vous avez été l’objet des moqueries négrophobes de cette française qui vous a comparé à un singe d’abord au moyen de photos, puis dans des propos en vous signifiant que votre place était dans les arbres. Vous n’avez pas cherché à faire sanctionner cette française, vous avez encaissé.
Vous avez encore été l’objet des moqueries négrophobes de cette petite française qui a tendu une banane à la guenon qu’elle voit en vous. Vous n’avez pas réclamé de sanction contre cette française, vous avez encaissé.
Vous avez une fois encore été l’objet des moqueries négrophobes du journal français qui a titré à la une « Maligne comme un singe, TAUBIRA, retrouve la banane».
Là encore vous n’avez pas recherché la sanction du journal français, vous avez encaissé.
Madame TAUBIRA seriez-vous le bouffon des Français ?
Sur quel dividende spéculez-vous pour assumer ce rôle ?
Recevez, Madame, nos salutations navrées et indignées.
Claudette DUHAMEL
Maryse DUHAMEL
Dominique MONOTUKA
Avocats, Imm. Bel Azur 48, rue Schœlcher 97200 FORT DE FRANCE
Fort de France, le 20 janvier 2014
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