Tribune de Byblos : À lire la presse française officielle de cette fin de semaine, nous sommes en droit de nous demander si « l’échec consommé », ou encore le « fiasco », de la Conférence internationale dite de Genève 2, concerne uniquement la Syrie. Il est clair, que ces courageux journalistes, qui se sont présentés en grand nombre à Montreux, n’ont pas cherché à savoir le contenu de l’intervention du chef de la délégation de la République arabe syrienne, M. Walid al-Mouallem, et si jamais ils ont fait cet effort, ils n’ont rien voulu entendre. Une fois de plus !
Pour mémoire, voici la traduction intégrale de cette intervention. [NdT].
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Mesdames et Messieurs,
Je vous salue au nom de la délégation de la République arabe syrienne… « République laïque » que certains, présents dans cette salle, ont tenté de ramener au Moyen Âge… « République arabe » fièrement et fortement enracinée dans son arabité, malgré les agissements de certains arabes censés être des frères… Je vous salue au nom de « la Syrie » dont l’Histoire est sept fois millénaire !
Je n’ai jamais connu une situation aussi difficile que celle d’aujourd’hui. Sur mes épaules, et celles de la délégation syrienne, pèsent toutes les souffrances qu’a endurées mon pays depuis trois années, tout le sang des martyrs, toutes les larmes des veuves, tous les espoirs des familles qui endurent l’absence d’un proche enlevé ou porté disparu, tous les cris de chaque écolier tétanisé par les explosions visant son école, toutes les attentes d’une génération qui voit ses rêves d’avenir se fracasser, tout le courage des pères et mères qui ont envoyé leurs enfants défendre la patrie, toute la détresse des familles qui ont perdu leur foyer et se retrouvent déplacés ou réfugiés…
Sur nos épaules, Mesdames et Messieurs, pèsent les espoirs du peuple syrien pour les années à venir, le droit de chaque enfant de se rendre à l’école en sécurité, le droit de chaque femme de sortir de chez elle sans risquer d’être enlevée ou violée et assassinée, le droit de chaque jeune de construire son avenir comme il l’entend, le droit de chaque citoyen de pouvoir rentrer chez lui en toute sérénité.
Aujourd’hui, nous sommes face à un moment de vérité. Une vérité qu’on a systématiquement essayé de défigurer par la désinformation et les mensonges, jusqu’à en arriver aux meurtres et au terrorisme ! Une vérité que nous venons délivrer, debout, à tous les juges et censeurs ; nous, la délégation de la République arabe syrienne qui représentons son peuple, son gouvernement, ses institutions, son Armée, et son Président Bachar al-Assad.
Je regrette, Mesdames et Messieurs, oui… je regrette et le peuple de « la Syrie qui résiste » regrette que des représentants de pays ayant le sang syrien sur les mains soient ici présents… Pays qui ont exporté le terrorisme et qui se posent en distributeurs des indulgences, allant jusqu’à empêcher certains fidèles de se rendre à la Mecque; comme si Dieu les avait chargés d’ouvrir le paradis à certains et de le fermer à d’autres…Pays qui ont encouragé les terroristes, les ont financés, les ont aidés, et ont décidé de la légitimité ou non des uns et des autres comme bon leur semblait… Pays qui ne se sont jamais souciés de leurs maisons de verre fêlées, mais qui se sont mis à lapider nos châteaux forts séculaires et à nous donner, toute honte bue, des leçons de démocratie, de développement et de progrès alors qu’ils sont plongés dans l’ignorance et l’arriération. Pays qui accordent, refusent, légitiment, renient, distribuent dons et gratifications à leur guise et par habitude ; l’habitude de ceux dont le pays appartient à un roi ou à un prince, qui en donne ce qu’il veut à qui il veut, et en prive qui il veut comme il veut !
Ils ont vilipendé la Syrie civilisée, souveraine et indépendante… Ils s’en sont pris à l’honneur et à la liberté de ses femmes et de ses filles, alors qu’eux-mêmes se noient dans la fange de leurs discriminations abominables et leur ignorance.
Ils ont commis tout cela… Mais maintenant que leurs masques sont tombés, la vraie vérité de leur dessein s’est dévoilée. Celui de déstabiliser la Syrie et de la détruire par l’exportation de leur produit national premier : le terrorisme ! Avec leurs pétrodollars, ils ont acheté les armes, recruté les mercenaires, inondé l’espace médiatique de leurs mensonges, pour dissimuler la sauvagerie de ce qu’ils font sous un voile qu’ils ont fini par appeler : « La Révolution syrienne voulue par le peuple syrien » !
Qu’est-ce que tout cela à a voir avec ce qui se passe en Syrie ? Comment un terroriste tchéchène, afghan, saoudien, turc, français ou britannique pourrait répondre aux aspirations du peuple syrien ? Comment ? En installant un État islamique qui ne connaît rien de l’Islam, mais se nourrit de la déviance de l’idéologie wahhabite !?
Qui vous a dit, et qui leur a dit, que le peuple syrien cherchait à revenir des milliers d’années en arrière ?
En Syrie, Mesdames et Messieurs, les femmes enceintes sont éventrées et les fruits de leurs entrailles sont assassinés… les femmes sont violées avant et après avoir été tuées, selon un rituel hideux et obscène qui n’est inspiré que par les exportateurs de cette idéologie !
En Syrie, Mesdames et Messieurs, les pères sont découpés à l’arme blanche devant leurs enfants au nom de la « révolution »… Pire encore, les propres enfants de ceux-là qui les découpent, soi-disant pour répondre à nos aspirations de Syriens, piaillent et dansent.
En Syrie, l’on dévore le cœur du Syrien en prétendant réaliser l’ambition de sa victime ; l’ambition d’une vie libre, prospère, tranquille et démocratique ! Quelle absurdité est-ce là ? Et de qui se moque-t-on ?
Au nom d’une prétendue « glorieuse révolution syrienne », on massacre des civils parmi les vieux, les femmes et les enfants… On pulvérise les infrastructures et les institutions sans même se soucier de l’orientation politique, idéologique ou intellectuelle de ses victimes… On brûle les livres et les bibliothèques… On farfouille dans les tombes… On vole les reliques et les trésors archéologiques…
Au nom de « la révolution », les enfants sont assassinés dans leurs écoles et les étudiants, dans leurs universités… On s’autorise à déshonorer la femme à travers toutes sortes de « fatwas perverses » légitimant le Jihad sexuel, l’inceste ou autres interdits… On bombarde les mosquées pendant que les fidèles sont en prière… On coupe les têtes qu’on exhibe dans les rues… On rôtit des personnes encore vivantes, en un véritable holocauste que l’histoire retiendra et que beaucoup de pays dénonceront, mais sans jamais parler d’antisémitisme !
Toujours au nom de la « révolution », un père en est réduit à se faire exploser avec femme et enfants pour échapper à des étrangers ayant pénétré dans sa maison. Des étrangers qui prétendent être venus lui offrir la démocratie et le libérer du joug et de l’oppression « du régime » !?
Mesdames et Messieurs ; vous, dont la plupart sont des parents, imaginez les sentiments qui poussent un père à tuer sa famille, de ses propres mains, pour les soustraire à des monstres déguisés en humains et qui disent se battre pour la liberté ! C’est ce qui s’est passé à Adra… Adra, où ces étrangers ont fait irruption dans la Cité et ont tué, pillé, pendu, découpé, brûlé des personnes bien vivantes.
Vous n’avez peut-être pas entendu parler de Adra, mais vous avez certainement entendu parler d’autres cités où ils ont commis les mêmes horreurs en désignant de leurs doigts accusateurs, dégoulinant du sang des innocents, l’État et l’Armée syrienne. Ce n’est qu’une fois que leur mensonge insensé n’a plus réussi à convaincre qu’ils ont arrêté de le raconter !
En cela, ces monstres ont exécuté ce qu’ils ont été chargés de faire par des États devenus aujourd’hui le fer de lance déchiquetant le corps syrien… Des États finalement arrivés au devant de la scène, après avoir écarté d’autres États… D’autres États qui ont essayé, moyennant tout autant le sang des Syriens, de s’imposer comme des puissances régionales, en achetant les consciences et les influences, en finançant ces monstres d’apparence humaine ; monstres imrégnés de la détestable idéologie wahhabite avant d’être lâchés à l’assaut de tout le territoire syrien.
Mais, me voici à cette tribune pour vous dire que vous savez, comme moi, qu’ils ne se contenteront pas de rester en Syrie, bien que nous sachions que certains des participants à cette assemblée ne veulent ni comprendre, ni entendre !
Mesdames et Messieurs, tout ce qui ce précède n’aurait pas été possible si, profitant de la crise, des pays voisins de la Syrie n’avaient dérogé aux relations de bon voisinage. Celui du Nord l’a poignardée dans le dos. Ceux de l’Ouest sont restés spectateurs et ont tu la vérité. Ceux du Sud ont dû obéir aux ordres parce que faibles. Alors que celui de l’Est est lui-même éreinté par tout ce qui a été programmé contre lui depuis de longues années, pour le détruire… avant de détruire la Syrie !
Tout ce qui précède n’aurait pas été possible si « le gouvernement Erdogan » n’avait usé du territoire turc pour accueillir, entraîner, armer, puis expédier les terroristes vers la Syrie. Un gouvernement qui a refusé de voir que la magie finirait par se retourner contre le magicien. Mais le voilà qui commence à goûter à la coupe de l’amertume, car le terrorisme n’a pas de religion et n’est fidèle qu’a lui-même. Le voilà passé de zéro problème avec ses voisins, à zéro en politique étrangère, en diplomatie internationale, en crédibilité politique et en toute chose ; ce qui ne l’empêche toujours pas de persister dans son ignoble agression.
Et ceci, parce que le gouvernement d’Erdogan s’est imaginé que le rêve historique d’Al-Qotb et de son prédécesseur, Mohamed Abdel Wahab, était sur le point de se concrétiser. D’où son offensive semant la corruption depuis la Tunisie, jusqu’en Libye, en Égypte et en Syrie, avec la ferme décision de réaliser une chimère qui n’existe que dans son cerveau malade. Un gouvernement qui, malgré l’échec et la nullité de ses ambitions, persiste et signe. Autant de comportements qu’on ne peut raisonnablement mesurer qu’à l’aune de la bêtise… Celui qui ne tire pas les leçons de l’Histoire perdra le présent… Celui qui allume le feu chez son voisin ne peut espérer rester en sécurité !
D’autres voisins ont contribué à allumer le feu, certains allant jusqu’à importer les terroristes du monde entier… Mais là, est apparu un paradoxe drôle, quoique des plus iniques. Quatre-vingt-trois nationalités se battent en Syrie, sans que nul ne s’en plaigne, ne dénonce, ne modifie son regard, ne cesse de parler effrontément de « la glorieuse révolution syrienne » ; alors que lorsque quelques dizaines de jeunes combattants de la Résistance se sont joints à l’Armée syrienne pour défendre certaines régions, tout ce petit monde s’est retrouvé sens dessus-dessous parlant d’« intervention étrangère » et exigeant la sortie de ceux qu’il a qualifiés de « troupes étrangères » venues violer « la souveraineté de la Syrie » !
Concernant la souveraineté syrienne, je vous affirme que la Syrie, pays libre et indépendant, fera tout ce qu’exige sa propre défense et par tous les moyens qu’elle jugera nécessaires. C’est une décision strictement syrienne, et elle le restera !
Malgré tout ce qui précède, le peuple syrien résiste. Il résiste, malgré les sanctions censées le faire plier en visant son pain quotidien et le lait des ses enfants. Il résiste, malgré les pillages, les destructions et les sabotages de sa nourriture, de ses usines de médicaments, de ses hôpitaux, de ses cliniques, de ses chemins de fer, de ses lignes électriques. Même ses lieux de culte, chrétiens et musulmans, n’ont pas été épargnés par les hordes terroristes !
Mais ils ont échoué… Et c’est à partir du moment où ils ont constaté leur échec que les États-Unis ont brandi leur menace d’attaquer la Syrie. Avec ceux qui en Occident et parmi les arabes partagent leurs convoitises, ils ont fabriqué de toute pièce l’histoire nous accusant d’avoir utilisé des armes chimiques ; histoire qui n’a pas convaincu leur propre peuple, pas plus qu’elle n’a convaincu le nôtre.
Autant de comportements qui, malheureusement, soulignent le fait que ces États prônant la démocratie, la liberté, et les droits humains ne disposent que d’un langage guerrier, sanguinaire, colonialiste et dominateur. Leur démocratie s’impose par le feu, leur liberté signifie frappes aériennes, leurs droits humains autorisent de tuer l’Humain ! Ils se sont habitués à l’idée qu’ils sont les maîtres du monde, que ce qu’ils veulent sera, et que ce qu’ils ne veulent pas ne sera pas !
Ils ont oublié, ou font semblant d’avoir oublié, que ceux qui se sont fait exploser à New York sont de la même veine que ceux qui se font exploser en Syrie… même idéologie… même source ! Ils ont oublié, ou font semblant d’avoir oublié, que ce terrorisme qui était hier aux États-Unis est aujourd’hui en Syrie, sans que l’on sache où il sera demain. Ce qui est sûr c’est qu’il ne s’arrêtera pas là. L’Afghanistan est un parfait exemple pour qui consentirait à retenir la leçon… pour qui consentirait… mais la plupart s’y refusent.
Ni les États-Unis, ni certains de leurs alliés occidentaux civilisés – dont celui qualifié de « Pays des Lumières » et celui qui pouvait autrefois s’enorgueillir d’être à la tête d’un « Empire où le soleil ne se couche jamais » – ne veulent y consentir. Et alors qu’ils ont tous goûté à l’amertume du terrorisme, les voilà qui se déclarent subitement solidaires d’un groupe de pays dits « Amis de la Syrie », au côté de quatre royaumes dictatoriaux et répressifs, ne sachant rien de la laïcité ou de la démocratie… Des pays qui autrefois ont colonisé la Syrie, l’ont pillée et l’ont disloquée voilà une centaine d’années ; mais des pays qui, aujourd’hui, se réunissent en congrès pour déclarer, haut et fort, leur amitié au peuple syrien, s’inquiéter de son horrible « situation humanitaire », pendant qu’ils l’assiègent, lui imposent toutes sortes de sanctions possibles, et soutiennent secrètement le terrorisme qui le frappe !
Mesdames et Messieurs, si vous êtes tellement inquiets de la situation humanitaire et des conditions de vie en Syrie, arrêtez donc l’afflux des armes… Arrêtez de soutenir les terroristes… Annulez vos sanctions… Levez le siège imposé au peuple syrien… Revenez à la raison et à la logique dans votre politique ! Dès lors, nous vous assurons que nous serons aussi bien que nous l’avons été et vous délivrerons de votre immense inquiétude à notre égard.
Maintenant, certains pourraient se demander si tout ce qui se passe en Syrie est de source étrangère. Non, Mesdames et Messieurs, ce n’est pas le cas ! Des Syriens, présents dans cette salle, ont contribué à tout ce qui précède. Ils ont exécuté et ont tout légitimé, sans pour autant être en accord les uns avec les autres ! Tout cela, aux dépens du sang syrien dont ils prétendent vouloir stopper l’hémorragie !
Ces Syriens se sont politiquement divisés une centaine de fois et leurs chefs se sont réfugiés aux confins de la terre. Ils se sont vendus à Israël et sont devenus ses yeux qui enregistrent et ses bras qui détruisent. Et lorsqu’ils ont échoué, Israël est intervenu directement pour leur éviter les coups de l’Armée syrienne et les aider dans l’exécution de ce qu’il a projeté pour la Syrie, depuis des décennies. De l’aveu même de leurs partisans sur le terrain, ils se prélassent dans les hôtels cinq étoiles pendant que notre peuple est saigné. Ils se sont opposés à partir de l’étranger. Ils se réunissent à l’étranger. Ils trahissent la Syrie à partir de l’étranger…
Celui qui veut parler au nom des Syriens est invité à venir en Syrie. Qu’il vive comme un parent syrien qui, tous les matins, embrasse son enfant en se demandant s’il rentrera de l’école ou sera emporté d’une bombe lancée par un révolutionnaire instrumenté par l’étranger… Qu’il vienne supporter la morsure du froid parce que nous sommes privés de pétrole… Qu’il fasse la queue pendant des heures pour nourrir les siens parce que les sanctions nous interdisent d’importer du blé, alors que nous étions des exportateurs… Celui qui veut parler au nom de la Syrie, qu’il vienne témoigner de la solidité de celui qui résiste face au terrorisme et le combat, depuis bientôt trois années. Une fois qu’il l’aura fait, qu’il revienne parler au nom des Syriens devant cette assemblée !
La République arabe syrienne – État et Peuple – a fait et continue de faire ce qu’on attendait d’elle ! Elle a ouvert notre territoire aux journalistes qui l’ont parcouru pour ensuite vous rapporter la réalité de ce qui s’y passe, mais toujours après être retournés à l’étranger ! Une réalité que nombre de médias occidentaux n’ont pu supporter, parce qu’elle ne correspondait pas à ce qu’il voulait dire ou filmer sur la Syrie. Nous avons autorisé l’entrée d’organisations internationales de secours, mais les instrumentalisés par l’étranger – dont certains sont ici présents – leur ont fait obstacle en les mettant en danger sous les tirs des terroristes ; quand nous, nous faisions notre devoir en les protégeant et en facilitant leur mission. Nous avons libéré, de façon répétée, un grand nombre de prisonniers dont certains avaient usé de leurs armes contre les citoyens, ce qui a suscité le mécontentement de beaucoup de Syriens « de l’intérieur » ; mais ils ont fini par comprendre et accepter l’idée que la Syrie étant plus précieuse que tout le reste, nous devons dépasser nos blessures et surmonter les haines et les rancunes.
Et vous qui prétendez parler au nom des Syriens, qu’avez-vous fait ? Quelle est votre vision pour ce merveilleux pays ? Quelles sont vos intentions et quel est votre programme politique ? De quels instruments disposez-vous sur le terrain, mis à part les groupes terroristes armés ? Je suis persuadé que vous ne disposez de rien du tout, ce qui est évident pour tout le monde et notamment dans les régions occupées par vos mercenaires, autrement dit « les régions libérées » selon votre étrange terminologie ?
Avez-vous vraiment libéré les habitants de ces régions ? Ou bien avez-vous dérobé leur culture tolérante pour imposer votre extrémisme répressif ? Avez-vous construit des écoles et des centres de soin ? Ou bien avez-vous détruit les hôpitaux et permis à la poliomyélite de ressurgir en Syrie, alors que nos enfants ont vécu indemnes de cette maladie depuis des décennies ? Avez-vous sauvegardé et protégé les trésors archéologiques et les musées de la Syrie ? Ou bien les avez-vous pillés et en avez tiré profit ? Avez-vous respecté les principes de la Justice et des droits humains? Ou bien avez-vous exécuté des peines de mort par décapitation, et en public ?
Pour résumer, vous n’avez rien réalisé de bon, rien du tout ! Vous n’avez amené que le déshonneur et la honte en suppliant les États-Unis de lancer une attaque militaire contre la Syrie. Même l’opposition, dont vous prétendez être les maîtres et les gardiens, ne veut pas de vous ! Elle refuse votre gestion de vous-mêmes, avant même que de songer à ce que vous gériez le pays.
Ils veulent un pays d’une seule couleur !? Et je ne parle pas ici d’ethnie ou de confession, car toute personne qui n’est pas d’accord avec eux est autre, et cet autre est un infidèle, quelle que soit sa religion et son environnement. Ils ont donc tué des musulmans de toutes les branches de l’Islam et ont sévèrement ciblé les chrétiens. Mêmes les religieuses en habit ne leur ont pas échappé. Ils les ont enlevées après avoir frappé Ma’aloula, dernier endroit au monde où l’on parle encore couramment la langue du Christ, pour contraindre les Syriens chrétiens à quitter la Syrie !
Mais là aussi, ils ont échoué. Car tous les Syriens sont Chrétiens lorsqu’on s’attaque au christianisme ; tous les Syriens sont Musulmans lorsqu’on s’attaque aux mosquées ; et tous les Syriens sont de Raqqa, de Lattaquié, de Soueida, de Homs, ou d’Alep la blessée… quand l’une ou l’autre de ces régions sont frappées. D’où l’horreur devant leurs tentatives de semer la discorde et le sectarisme religieux, la pire des laideurs qu’un syrien ne peut tolérer. Bref, Messieurs, votre prétendue « grande révolution syrienne » n’a laissé aucune transgression condamnable ici bas, sans la commettre !
En revanche, derrière la noirceur de ce sombre tableau, la lumière est toujours restée tout au bout du chemin. Ceci, grâce à la détermination du peuple dans sa résistance, grâce à la détermination de l’Armée dans sa défense, et grâce à la détermination de l’État dans sa cohésion et sa continuité… Et aussi, parce que malgré tout, certains États se sont tenus à nos côtés et au côté du Droit et de la Justice. Parmi ces États, la Russie à qui je m’adresse au nom du peuple syrien pour lui exprimer ses plus sincères remerciements, la Chine que nous remercions tout autant que la Russie pour leur respect de la souveraineté et de la liberté de décision de la Syrie.
La Russie s’est comportée en véritable ami dans toutes les arènes internationales et a fermement défendu, en paroles et en actions, les principes de l’Organisation des Nations Unies quant à la souveraineté des États et les droits humains. La Chine et les pays du BRICS se sont tenus à ses côtés, ainsi que l’Iran, l’Irak, et certains États arabes musulmans, des États d’Afrique et d’Amérique latine. Autant d’États qui n’ont cessé de protéger, en toute honnêteté, les aspirations du peuple syrien, non celles d’autres États qui voudraient nous imposer ce dont nous ne voulons pas !
Oui, Mesdames et Messieurs, le peuple syrien aspire tout comme les autres peuples de la région à plus de liberté, de justice, et de droits humains. Il aspire à plus de pluralisme et de démocratie. Il aspire à une Syrie meilleure, une Syrie tranquille, prospère, et en bonne santé. Il aspire à un État fort reposant sur des institutions, non à la démolition des siennes. Il aspire à protéger ses monuments et ses sites archéologiques ainsi que son patrimoine national, non à leur pillage et leur destruction. Il aspire à ce que son Armée nationale reste forte pour protéger sa terre, son honneur et ses biens, défendre ses frontières, la souveraineté et l’indépendance de son pays ; non à une armée de mercenaires « libre » de kidnapper des civils et de les rançonner ou de les transformer en boucliers humains ; « libre » de s’accaparer les donations, de voler les pauvres et de vendre la partie ; « libre » de s’enrichir par le trafic d’organes prélevés sur des hommes, des femmes et des enfants bien en vie.
Une armée de mercenaires dont certains éléments mangent les cœurs et les foies humains, font griller les têtes d’humains sur des barbecues, recrutent des enfants soldats, violent les femmes sous la menace de leurs armes. Des armes expédiées par des États, ici présents, sous prétexte d’un prétendu « soutien aux groupes modérés ». De grâce, dites-nous où est la modération dans tout ce que je viens de vous exposer !
Où sont donc ces « éléments modérés », aux dénominations fumeuses, derrière lesquels vous vous cachez et que vous soutenez médiatiquement et militairement, notamment ceux que vous rebaptisez ? Des éléments préexistants sur le terrain, auxquels vous donnez une nouvelle peau, un nouveau nom, prétendant qu’ils combattent le terrorisme alors qu’ils sont encore pire que leurs prédécesseurs, pendant que vos médias retravaillent leur image après les avoir revêtus de l’habit griffé : « modération ». Ils savent, comme nous savons, qu’il s’agit du même extrémisme et du même terrorisme sous des noms différents. Ils savent, comme nous savons, que sous le prétexte du « soutien aux groupes modérés » on continue à armer ceux qui, finalement, appartiennent à Al-Qaïda et à plusieurs de ses organisations sévissant en Syrie, en Irak, et dans d’autres pays de la région.
Telle est la vérité, Mesdames et Messieurs. Réveillez-vous ! L’Occident soutient et certains arabes exécutent pour qu’en fin de parcours, les armes tombent aux mains d’Al-Qaïda. Par conséquent, l’Occident prétend lutter contre le terrorisme en public, mais le nourrit en secret. Celui qui ne voit pas cette vérité est aveugle ou ignorant. Ou alors, il ne veut pas la voir et a décidé de poursuivre dans cette voie !
Est-ce la Syrie que vous voulez malgré les milliers de martyrs, l’installation de l’insécurité, et les destructions systématiques ? Est-ce cela les aspirations du peuple syrien que vous voudriez réaliser ? Non, Mesdames et Messieurs, la Syrie ne restera pas dans cette situation. Et c’est pour vous le dire que nous sommes ici.
Nous sommes venus, malgré tout ce qui a été fait par certains d’entre vous.
Nous sommes venus pour sauver la Syrie, pour arrêter les décapitations, les bouffeurs de foie, de cœurs, et les éventreurs.
Nous sommes venus pour ramener les mères et leurs enfants chassés de leurs foyers par des terroristes.
Nous sommes venus pour protéger notre État laïc, notre civilisation, et l’avancée des Tatars et des Mongols dans notre région.
Nous sommes venus pour empêcher l’effondrement de l’ensemble du Moyen-Orient.
Nous sommes venus pour protéger la richesse et la diversité de notre culture, pour protéger le dialogue entre les civilisations et les religions, à la source même de ces religions.
Nous sommes venus pour protéger l’Islam tolérant qu’on a défiguré.
Nous sommes venus pour protéger et garder les Chrétiens du Moyen orient !
Nous sommes venus dire aux Syriens de l’étranger : revenez dans votre pays, car l’étranger reste un étranger, aussi proche soit-il, et le Syrien reste un frère pour le Syrien, quelle que soit l’intensité des adversités.
Nous sommes venus pour arrêter le terrorisme, comme l’ont fait tous les États du monde qui ont goûté sa douloureuse amertume. Certes, nous avons dit et nous continuons à dire que le dialogue entre les Syriens est la solution. Mais, nous avons agi et agissons comme tous les autres pays du monde lorsqu’ils ont été frappés par le terrorisme. Nous avons cherché et nous chercherons toujours à défendre notre peuple, car tel est notre devoir constitutionnel… Et, de cette tribune, je vous dis que nous continuerons à frapper le terrorisme qui a gravement nui à tous les Syriens, abstraction faite de leurs affiliations politiques.
Nous sommes venus vous mettre, tous, face à vos responsabilités. Car, tant que certains États que vous connaissez, et que nous connaissons, continueront à soutenir le terrorisme, cette conférence ne connaîtra pas le succès ; l’action politique et le terrorisme étant incompatibles lorsqu’il s’agit d’un même terrain. La politique implique « la lutte contre le terrorisme » et ne pousse pas dans son ombre !
Nous sommes venus en tant que représentants du peuple syrien. Oui… Monsieur Kerry… je dis que l’expérience prouve que personne au monde n’a le droit d’accorder, de conférer ou de retirer la légitimité à un président, à un État, à une Constitution, ou à quoi que ce soit, sauf les Syriens eux-mêmes !
C’est leur droit et leur devoir constitutionnel. Tout ce sur quoi nous pourrions nous accorder ici, et quoi qu’il en soit, sera soumis à un référendum populaire. Nous sommes ici pour faire savoir la volonté du peuple syrien, non pour décider de son avenir ! Par conséquent, celui qui ne veut pas entendre cette volonté ferait mieux de ne pas parler en son nom. Lui seul a le droit de décider de ses dirigeants, de son gouvernement, de son parlement, et de sa Constitution. Toute autre décision est inacceptable.
Pour conclure, je m’adresse aux personnes, ici présentes, ainsi qu’au monde entier qui nous regarde et nous écoute : en Syrie nous vivons une guerre contre le terrorisme !
Un terrorisme qui a beaucoup détruit et qui continue de détruire. Un terrorisme contre lequel la Syrie s’est dressée depuis les années quatre-vingt du siècle dernier tout en appelant, haut et fort, à former un front uni pour le combattre ; mais personne n’a voulu entendre.
Un terrorisme dont vous avez horriblement souffert aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne, en Russie, en Irak, en Afghanistan, au Pakistan, et la liste ne fait que s’allonger, car le voici qui se répand partout. Coopérons tous ensemble, main dans la main, pour le combattre et stopper la noirceur de son idéologie obscurantiste, et terrifiante.
Quant à nous, les Syriens, dressons-nous comme un seul homme et concentrons-nous sur la Syrie pour commencer à la reconstruire humainement et structurellement. Certes, le dialogue est fondamental, comme je l’ai déjà dit. Mais, bien que nous remerciions ce pays qui nous accueille, nous disons que le vrai dialogue entre les Syriens doit avoir lieu en Syrie, sous le ciel de la patrie !
Il y a un an, le gouvernement exposait sa vision de la solution, mais là aussi personne n’a entendu ! Que de vies innocentes auraient été épargnées si certains États avaient opté pour le langage de la raison, plutôt que pour celui de la terreur et de la destruction ! Une année entière que nous appelons au dialogue, alors que le terrorisme n’a cessé de frapper l’État syrien, ses institutions, son gouvernement et son peuple.
Mais, mieux vaut tard que jamais. Aujourd’hui, nous voici réunis pour prendre une très importante décision dont dépendra notre destin, la décision de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme tout en engageant le processus politique ; ce qui est d’autant plus opportun que tous sont là, aussi bien les arabes que les occidentaux !
Maintenant, si certains États, parmi vous, continuent à soutenir le terrorisme en Syrie, ce sera votre décision… Vous connaissez la nôtre. Sinon, écartons les obscurantistes et les menteurs qui vous tendent la main et vous sourient en public, mais nourrissent le terrorisme dans l’ombre. Un terrorisme qui frappe la Syrie, mais qui finira par se répandre pour nous brûler tous.
C’est donc l’instant de vérité et l’instant du destin, soyons à la hauteur du moment !
Je vous remercie.
Dr Walid al-Mouallem
Ministre syrien des Affaires étrangères et des Expatriés
22/01/2014
Texte traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
Source : Sana / Syrie
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