Feu Ahmed Dini, que Dieu ait son âme, était certes un grand idéaliste qui, bien malgré lui, mal entouré sans doute politiquement et se voyant lui-même tel un pionnier, jamais ne s’est-il préoccupé du devoir de consulter ses paires et les masses, ou l’obligation de rassembler autour de ses idées, aussi nobles soient-elles à la base. Conséquences, son œuvre est jalonnée d’erreurs d’appréciations, de vision et stratégies politiques tronquées défiant ses propres objectifs déclarés et une cour de partisans sans envergure inaptes à pointer l’étroitesse du passage que l'homme comptait emprunter pour atteindre ses objectifs.
Mais c’était comme même un grand de son époque, pour tous ceux qui ont pris le temps de s’intéresser aux détails et non aux étiquettes de ceux qui jouissent à ce jour de ses erreurs.
Car et tout d’abord, par calcul politique l’homme osait défier, trait caractéristique des gens hors de l’ordinaire, et encore plus remarquable chez cet homme, c’est sa volonté - certes sans confession - à vouloir corriger du moins en apparence, ses propres erreurs. Le hic…. entre l’erreur et la correction le géant piétinait tout sur son passage. Croyez-moi, je sais de quoi je parle, pour avoir été en 1995 une de sa cible et gouté à sa médecine (en ricochet pour régler ses comptes avec ceux qu’il baptisa très affectueusement les «QAGABAS »). Pris au dépourvu, terrassé à mort et à distance s’il vous plaît - du fond de sa loge parisienne de Président du FRUD-Armé et moi à Montréal comme Président d’une association de Djibouto-Canadiens…
L’homme, jamais n’a conçu ou même présumé qu’il puisse y avoir d’alternatives et stratégies politiques autres que les siennes et surtout jamais ne sentait le besoin d’en admettre publiquement les échecs. Sa méditation, elle, prenait un temps fou, manquait toujours d'objectivité et de l’apport essentiel à tout processus démocratique qu'est ; le regard ou critique extérieur. L’exemple de Mai 2001 en est un exemple type, se voulant corriger l’erreur des promesses vides de 1977 en apposant cette fois sa signature au-bas d’un document. Malheureusement, de Paris à la Mecque, il atterrissait à la Maison Blanche de l’escale sans passer par les masses et le consensus qui lui auraient procuré à la table d’IOG, un rapport de forces contraignant. S’aventura à défier tout un système, encore seul tel un Messie ; résultat sa concorde civile est casée aux oubliettes et Djibouti toujours dans la prison à ciel ouvert au quelle, elle fut condamnée avec sa caution, voilà 37ans.
Si aujourd’hui comme hier j’en suis résigné à faire appel à visiter l’œuvre de ce grand homme, c’est que rares sont ceux de nos jours ayant ses capacités du moins celle essentielle qui est de remettre en question les choix et compromis entrepris, les hypothèses sur lesquelles sont fondés nos calculs, les aspects techniques du combat politique et ses conséquences, afin d’apprendre de nos erreurs et celles de ceux qui nous ont précédé dans leurs volontés à changer la donne.
Malheureusement, vous en conviendrez avec moi, notre horizon à tous semble obscurci par la mégalomanie des membres du Club UAD/USN. Les opposants à vie autoproclamés représentants de tout Djibouti, les légalisés incontournables d’IOG détenant à eux seuls la science infuse de nos solutions qu'ils peinent toutefois à mettre en œuvre depuis 1999. Pire encore ; s’apprêtent au nom du changement à reproduire les mêmes recettes, perpétuant le même système colonial ou tout natif doit, soit s’exiler soit se comporter en misérable, et les naturalisés eux, les héritiers naturels du colon. Ce n’est pas juste, c’est immoral et il faut y mettre un terme.
« Errare humanum est » dit le proverbe latin! Il est dans la nature de l’homme de se tromper et pourtant, on préfère les cacher, les ignorer et se défendre de les avoir commises.
Mais si on conçoit que l’erreur permet de grandir, de témoigner de notre humanité, de nous rendre meilleure, n’est-ce pas là, ce à quoi nous aspirons tous ?
Je vous invite donc tous aujourd’hui, à changer notre perception de « l’erreur humaine » afin d’appréhender nos défis présents et futurs, le plus sereinement possible, tout en « Défendons nos droits, surtout notre droit à l'erreur » - Félix Leclerc, chansonnier et poète québécois.
Bourhan Bey (Abou Amin)
Du PRIDE
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