Le propos de cet article est d’expliquer le mécanisme de cette corruption à Djibouti. Je ciblerais surtout les secteurs où la corruption fait le plus de dégâts.
I - Éducation
La corruption à l’éducation se présente sous plusieurs aspects et se ramifie en plusieurs micro-domaines, il y’ a tout d’abord le concours de recrutement des instituteurs, l’école normale, ou plutôt anormale parce que le 1/3 se recrute en favoritisme de tout genre, des invertébrés ayant un arbre « tribualogique » conséquent, les cousins des hauts cadres de l’éducation, les voisins, la belle famille dans un rayon de 100km à la ronde, se partage les postes, mais il y’a aussi et ce sont les plus importants, les payeurs de pots-de-vin , ceux qui ne bénéficient pas de l’étendue de ce rayon de privilégiés, et qui payent cash en plus pour intégrer l’éducation.
Résultat : toutes les écoles primaires sont pourvues de gens « parachutés », incompétents, irresponsables, et indécents (y’en a qui rackettent les élèves pour leur ration du khat) sans parler du taux d’échec scolaire, on estime aujourd’hui qu’un élève sur 3 à la sortie de l’école primaire, peut à peine écrire et parler français !.
Autre domaine aussi important, mais qui concerne cette fois les professeurs, et surtout de manière précise « les heures supp » autrement dit les heures supplémentaires payées directement par le trésor national, les principaux de certains collèges et lycées, gonflent le nombre d’heures supplémentaires des professeurs-ripoux, par exemple ils comptabilisent 12 heures de supp par semaine sur le compte d’un ou des professeurs, et envoient cela aux comptables de l’éducation, quand celles-ci seront versées quelques mois plutard, les dits responsables des collèges et des lycées, vont très gentiment avoir leur part du gâteau, à savoir 6 heures, payées directement par les dits professeurs. Un système infaillible.
Résultat : la caisse nationale est pillée !
Il y’a aussi, l’argent de l’Access, autrement les frais des manuels, qui doivent être obligatoirement payés par chaque élève et qui sont la bête noire des familles les plus appauvries, c'est-à-dire la moitié de la population, ces mères de familles épinglées par un travail pénible et dure, doivent payer obligatoirement ces frais, mais ca finit toujours dans les poches des gestionnaires, et des responsables des écoles ! Le cas le plus flagrant, s’est passé au collège du Palmeraie ! L’argent de l’Access y a été pillé !
La corruption est quasi présente dans l’éducation, que ça soit pour les feuilles blanches, les ordinateurs, les imprimantes, les climatiseurs et tout autre objet payés par l’Etat se retrouvent soit vendus, soit donnés en gage de bonne volonté à tel ou tel service ! La ripoucratie est de taille, le favoritisme gangrène tout les domaines de l’éducation, les oraux du bac sont truqués, le repêchage du bac, est de loin le comble de cette barbarie institutionnelle ! Les résultats du bac sont débattus chaque année par les jurys du bac, en raison de leur incohérence flagrante !
II - le commerce du khat
Le khat est le premier facteur de corruption et de corruptibilité, il est un facteur de tension, et très prisé pour sa valeur.
La SOGIK détient presque la suprématie du khat, elle paie des impôts colossaux à l’état, qui lui, se charge presque de balayer les éventuels trafics illégaux, je dis presque, parce que les trafics illégaux du khat sont nombreux. Prenons un cas précis, celui d’Ali Sabieh, les femmes font passer du khat tout les jours, camouflés sous leurs habits, à chaque check –point, elles paient comme elles peuvent, les unes donnent la moitié de leur khat aux officiers, les autres des liquidités, ou de service en tout genre, une séance de jambes en l’air dans les cellules poussiéreuses du PK51, ou une somme symbolique de 200fd !.
Après quoi, ces femmes vont gentiment, vendre leur khat dans la capitale indépendamment des sous-fifres de la police !
Le khat sert à payer aussi les agents de l’EDD, ou de l’Onead quand ils surprennent une fraude dans les ménages.
III - Les trafics routiers
Les agents du trafic routier à quelques individus près, sont en plus d’être des paresseux laxistes, des véritables racketteurs des taxis, des bus, et même des camions. Ces agents quand ils surprennent un individu en mauvaise posture ou en situation d’illégalité, se font corrompre par les chauffeurs des dites voitures, les agents ferment les yeux sur ces fraudes, mais ont le droit à tout jamais de les racketter, des cigarettes, des tarifs de bus impayés, des branches de khat et même des liquidités sont des droits à payer pour les chauffeurs.
Il y’a aussi les mineurs, qui n’ont aucun permis, mais qui roulent dans les voitures de leurs parents friqués, mais qui outrepassent les check-points, résultat les flux routiers sont une véritable anarchie mais aussi un carnage conséquent.
Résultat : trop de personnes meurent sur les routes et bien sur, c’est la faute à Allah !
IV - Le sida : la bénédiction de plus !
Les maladies à Djibouti, sont une véritable aubaine pour les ripoux du gouvernement, qu’il fait bon de savoir quel est le taux de tuberculose, de malaria, de malnutrition, du paludisme, et du SIDA ! Les maladies paient ici ! Il ne serait pas étonnant de soupçonner le gouvernement d’être le propulseur de ces maladies, tant elles rapportent des sommes colossales. Des formations en tout genre, des fonds de soutien, des matériels de santé, des distributions de vivres, etc. sont accordés chaque année à notre ministère de la santé. Il y’a quelques années ce ministère a détourné à lui seul près de la moitié des fonds versés par l’OMS ! Un scandale ? Non pas vraiment, une normalité ici !
Quand j’ai demandé un jour à un ami : « N’y a-t-il pas d’inspecteurs de santé dans ce pays ? » Il m’a répondu : « si, mais ils travaillent pour le compte du ministre de la santé » c'est-à-dire, que ces inspecteurs aident à chasser la bête noire pour le compte du grand chef de la santé, si une pharmacie, un restaurant ou un hotel refuse de payer des pots de vin au ministère de la santé, les inspecteurs y débarquent et salissent le rapport qu’ils doivent rendre. Ils fonctionnent comme « des forces de pression » au service de la ripoucratie !
V) Conclusion
La corruption est devenue dans ce pays, le maitre-mot, et ce qui est dommage ce que notre gouvernement va raser les frontières des pays étrangers pour se plaindre de la pauvreté et de la misère de sa population, une mendicité à l’échelle internationale, quand on sait que les ressources qui feront sortir ce pays de sa léthargie sont là ! Détournées au profit des quelques individus véreux et sans scrupules ! Nous avons aujourd’hui les moyens pour ralentir, et même d’anéantir la pauvreté flagrante de la plupart des familles Djiboutiennes ! Mais cet effort constant ne peut être réalisé sans l’engagement de la population, des élus locaux et de manière générale du gouvernement !.
Il est anormal, qu’un pays aussi touché par la corruption ne possède pas une unité anti-corruption ! Il est anormal aujourd’hui que la presse ne fait pas état de ces dérives institutionnelles ! Il est autant anormal, que tout citoyen de ce pays ne s’insurge pas de l’état inquiétant de ce pays ! Il ne suffit pas de brandir un mini-drapeau et de chanter gauchement l’hymne nationale, pour se sentir patriote ! Il faut savoir se battre pour ce pays, et les futures générations que vous laissez sans éducation, sans avenir, et sans même d’eau !
Aujourd’hui notre pays est au bord du gouffre, aucune perspective sociale de développement durable n’est entreprise, aucune étude n’est faite sur la pauvreté, aucune loi ne garantit la sécurité alimentaire des populations appauvries ! Aucune structure para gouvernementale, ne protège le citoyen contre la voracité du système ! Aucune étude géostratégique sur la défense n’est menée !
ET C EST DOMMAGE
Shak Dore
1 <<< VOS COMMENTAIRES:
Salut, Shak Dore,
Un grand Merci d'abord pour ce partage frangine.
On était 2 à lire, tout ce que vous venez d'énumérer avec ce talent de la synthèse et du verbe qui est le votre, et ma foi, on savait quasiment tout, sur ce puzzle de la corruption à tous les niveaux, par contre, se faire servir, tous ces menus, sur la même table dans la même assiette, j'avoue, j'en ai eu la nausée !!!
Le tableau a de quoi écœuré tout esprit rationnel, mais pas le régime illégitime fondé sur l'illicite et l'injustice, pendant que les loups et les chacals se fond la part des privilégiés, laissent aux charognes les miettes, ainsi ces dernières se sentiront membre du clan qu'ils doivent soutenir afin de pérenniser la magne.
C'est pas un hasard de circonstance, ni un comportement méconnu et incontrôlable, mais tolérer par le régime pour ne pas dire encourager comme un programme de parti à défaut d'un projet de société et une gouvernance responsable.
Un moyen d'élargir le cercle de la complaisance et la complicité du silence.
Les perdants c'est nous, la Nation dans son ensemble, aujourd'hui et demain, la génération actuelle et future ; payeront tous les pots cassés, en retard de développement et d'éducation, sans compter la dette dépassant le PIB Nationale en héritage ou les divisions sociales palpables que cette gangrène est entrain de produire.
================================================
Par le PRIDE : Parti Républicain pour l’Innovation Démocratique et l’Écologie
– Le SG : Bourhan Bey (Abou Amin)
VOS COMMENTAIRES