A traité plusieurs milliers de femmes depuis 1998, certaines d'entre elles à plus d'une fois, pour le même crime, une 10ène d’opérations au rythme de 18 heures de travail par jour.
Plusieurs fois récompensé pour son travail, dont le Prix Olof Palme et le Prix des Nations Unies en 2008
Cité deux années de suite pour le Prix Nobel de la paix, mais ce comité préfère encore les exécuteurs par drone.
Médecin Directeur de l'Hôpital de Panzi à Bukavu-RDCongo.
Début Septembre, il répondait ainsi aux 3 questions suivantes :
Comment terminer ce conflit ?
"Il y a un manque de volonté politique du gouvernement congolais et des pays voisins, mais aussi de la communauté internationale. Officiellement, ce n’est pas une guerre entre deux nations. Les frontières sont ouvertes. Les ambassades aussi. Les Présidents se parlent et se tapent sur l’épaule. Ce n’est pas une guerre tribale non plus, car on trouve des Congolais de différentes tribus qui veulent s’identifier à ce mouvement. Ce n’est pas une guerre religieuse.
La réalité c’est que c’est une guerre pour les ressources naturelles du pays. Le Congo est comme une bijouterie sans gardes, dont les portes sont ouvertes. Ce ne sont pas seulement les ressources qui partent. Quand vous parlez aux femmes que nous soignons, cette guerre laisse aussi beaucoup de veuves et d’orphelins. Tous les jours, Radio Okapi, la radio des Nations unies, raconte la même chose: on a tué, on a violé. Depuis seize ans, on aurait pu agir autrement pour faire cesser ces atrocités."
Qui commet ces actes?
"Les femmes nous le disent : tous les groupes armés. Aujourd’hui, on ne sait plus qui est qui. Ce qui est sûr, c’est que chaque groupe essaie de contrôler une zone minière, avec des ressources."
Le viol est-il une arme de purification ethnique comme en Bosnie ?
"C’est une stratégie de guerre, de destruction sociale, psychologique des familles. Cela déstructure toute une communauté, qui ne peut plus arriver à vivre dans l’harmonie. Après un viol, les enfants, l’époux sont aussi malades. Le mari ne se reconnaît plus comme mari car il n’a pas été en mesure de protéger son épouse. Les enfants ne reconnaissent plus leur papa car ils ont été violés devant leur père et il n’a rien pu faire. L’épouse est souvent rejetée de la communauté comme si elle était impure après ce qui lui est arrivé."
Ce discours aux Nations Unies, date apparemment selon la source, de ce 25/9/2012, au 67ème sommet de l'Immobilisme et l'Indifférence de l'ONU.
Excellences, Messieurs les Ambassadeurs,
J’aurais voulu commencer mon discours par la formule habituelle : « j’ai l’honneur et le privilège de prendre la parole devant vous. »
Hélas ! les femmes victimes de VS de l’Est de la RDC sont dans le déshonneur. J’ai constamment sous mes yeux les regards de vieillards, de filles, de mères et même de bébés déshonorés.
Aujourd’hui encore, plusieurs sont soumises à l’esclavage sexuel ; d’autres sont utilisées comme arme de guerre. leurs organes sont exposés aux sévices le plus ignoble.
Et cela dure depuis 16 ans ! 16 ans d’errance ; 16 ans de torture ; 16ans de mutilation ; 16 ans de destruction de la femme, la seule ressource vitale congolaise ; 16 ans de déstructuration de toute une société.
Certes, vos états respectifs ont fait beaucoup en terme de prise en charge des conséquences de ces barbaries. Nous en sommes très reconnaissant.
J’aurais voulu dire « j’ai l’honneur de faire partie de la communauté internationale que vous représenter ici » Mais je ne le puis.
Comment le dire à vous, représentant de la communauté internationale quand, la communauté internationale a fait preuve de peur et de manque de courage pendant ces 16 ans en RDC.
J’aurais voulu dire « j’ai l’honneur de représenter mon pays. », mais je ne peux pas non plus.
En effet, comment être fier d’appartenir à une nation sans défense ; livrée à elle-même ; pillée de toute part et impuissante devant 500.000 de ses filles violées pendant 16 ans ; 6 000 000 de morts de ses fils et filles pendant 16 ans sans qu’il y'ait aucune perspective de solution durable.
Non, je n’ai ni l’honneur ; ni le privilège d’être là ce jour. Mon coeur est lourd.
Mon honneur, c’est d’accompagner ces femmes Victimes de Violences courageuses ; ces femmes qui résistent, ces femmes qui malgré tout restent débout.
Aujourd’hui grâce au rapport des experts des nations Unies, au Mapping report du haut commissaire aux droits humain des nations unies et beaucoup d’autres rapports crédibles, plus personne ne peut se cacher derrière l’argument de la complexité de la crise. Nous savons donc désormais les motivations de cette crise et ces différents acteurs. Ce qui fait défaut c’est la volonté politique.
Mais jusques à quand ? Jusques à quand devons nous encore assister impuissants à d’autres massacres ?
Excellences, Messieurs les Ambassadeurs ; c’est avec une grande humilité que je vous dit qu'on a pas besoin de plus de preuve, on a besoin d’une action, une action urgente pour arrêter les responsables de ces crimes contre l’humanité et les traduire devant la justice.
La justice n’est pas négociable on a besoin de votre condamnation unanime des groupes rebelles qui sont responsables de ces actes, on a besoin des actions concrètes à l’encontre des états membres des nations unies qui soutiennent de près ou de loin ces barbaries. Nous sommes devant une urgence humanitaire qui ne donne plus place à la tergiversation. Tous les ingrédients sont réunis pour mettre fin à une guerre injuste qui a utilisé la violence et le viol de femmes comme une stratégie de guerre. Les femmes congolaises ont droit a une protection à l’instar de toutes les femmes de cette planète.
Vouloir mettre tous ces rapports crédibles dans le tiroir de l’oubliette sera porté une atteinte grave à la crédibilité de différentes résolutions des nations unies exigeant la protection des femmes en période de conflits et donc décrédibiliser toute notre chère institution qui pourtant est censée garantir la non répétition du génocide.
Les acquis de la civilisation reculent ; ils reculent par les nouvelles barbaries comme en Syrie et en RDC ; mais aussi par le silence assourdissant et le manque de courage de la communauté internationale.
Nous ne saurions pas taire la vérité car elle têtue, nous devrions plutôt l’affronter pour éviter de trahir nos idéaux .
J’ai l’honneur de dire que le courage des femmes VVS de l’Est de la RDC finira par vaincre le mal.
Aidez-les à retrouver la paix !
Je vous remercie.
Dr. Denis Mukwege
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