- Un seul devoir: celui de ne pas renier ma liberté au travers de mes choix.
- Mon ultime prière: Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge.""--- Frantz Fanon
""Les jours de ceux qui s'amusent en Afrique sont rigoureusement comptés. Nous voulons dire que leur pouvoir ne saurait se prolonger indéfiniment. Alors la chose la plus urgente aujourd'hui pour l'intellectuel africain est la construction de sa nation""--- Frantz Fanon
III/ Fanon l’a rêvé, les Tunisiens l’ont fait !
La révolution arabe est pour nous une occasion historique, puisqu’elle nous permet de voir enfin le vrai visage du capitalisme mondialisé. Jour après jour, nous découvrons la vérité qui nous a été cachée, dissimulée sous des concepts bidons : « l’humanisme occidental », la « civilisation occidentale » ; « l’universalisme » ! Nous voyons qu’en Tunisie, en Égypte, en Libye, l’ancienne puissance coloniale était associée à des criminels, à des corrompus.
Que du premier ministre (François Fillon) au ministre des Affaires étrangères (MAM), du conseiller spécial du président( Henry Guainon a passé les vacances de Noël en Libye) au président lui-même (récentes révélation de Kaddafi, Omar Bongo...), tous les dirigeants français avaient des relations « amicales » plus ou moins personnalisées…
Nous savons enfin qu’ « il s’est établi, au détriment des peuples, un circuit de bons services et de complicité. Que l’Europe a fait bon ménage avec tous les féodaux indigènes qui acceptaient de servir ; ourdi avec une vicieuse complicité ; rendu leur tyrannie plus effective et plus efficace. » (Aimé Césaire, dans son discours sur la colonisation.)
Nos camarades Frantz Fanon et Malcolm X ont eux aussi compris et ont consacré leur vie à travailler pour la communauté. Je parle de la grande communauté des opprimés, des révoltés, des humiliés, des « damnés de la terre » (il faut (re)lire absolument le livre qui porte ce titre, de Frantz Fanon) : victimes du capitalisme. Ils sont nés la même année : 1925 ; l’un est mort d’une maladie en 1961 à Washington, l’autre a été sauvagement assassiné à New York, en 1965. Ces révolutionnaires n’ont jamais cédé aux sirènes de l’ennemi ; au contraire, ils lui ont mené une guerre sans merci. A nous, aujourd’hui, de prendre la relève.
L’Afrique a besoin de nous pour la libérer de ce vautour qui suce son sang : le capitalisme français, américain, .... Je crois qu’il est temps de nous mettre au travail pour réaliser une révolution africaine. Et pour cela, il faut une conscience politique, une connaissance de la vérité. Aujourd’hui, il nous faut choisir entre la lâcheté et la dignité, entre la servitude et la liberté, entre la soumission à l’ennemi et la guerre contre lui. Bref, entre l’esclavage moderne et notre dignité. Hier, nous étions pour les Européens des singes, des sauvages qu’il fallait « civiliser », « humaniser ». Aujourd’hui, nous sommes à leurs yeux des « sous-développés », de la main-d’œuvre corvéable à merci ; d’envahisseurs de l’Europe.
La députée UMP, Chantal Brunel, ancienne porte-parole du parti majoritaire, a le mardi 8 mars, proposé de «remettre dans les bateaux» les personnes «qui viendraient de la Méditerranée. Il faut rassurer les Français sur toutes les migrations de populations qui viendraient de la Méditerranée. Après tout, remettons-les dans les bateaux!». Elle a réclamé comme Marine Le Pen, le 25 février de : « repousser dans les eaux internationales les migrants qui voudraient entrer en Europe». Et on se targue d’humanisme, de sauvages civilisés par la colonisation !
L’Afrique est pauvre, affamée (« et la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ») nous dit-on. Et pourtant…
A/ Malcolm X
« L’Afrique est riche. Le sol y est si riche et le climat si bon que tout y pousse. On y trouve quelques-uns des plus importants gisements d’or et de diamants du monde. Ceux qu’on porte. Ceux dont on a besoin pour fabriquer les machines : sans eux, l’industrie de ces nations s’effondrerait. Il ya aussi le cobalt, l’un des plus précieux minerais du monde comme l’uranium. L’Afrique est l’une des principales sources de bois et même de pétrole, toutes choses dont l’industrie a besoin pour survivre sur votre continent d’origine, on s’empare de tout ça. »
« Sans liberté d’accès à cette source, l’économie de l’Europe ne vaudrait pas un sou. Tous les pays européens n’auraient pas plus d’importance que, par exemple, la Norvège. Un pays qui est très bien pour les Norvégiens n’a pas d’influence au-delà de ses frontières. (Et à contrario si la France perdait le reste de l’Afrique, elle serait insignifiante comme la Norvège !) L’Afrique peut condamner l’Europe au sommeil du jour au lendemain. Parce qu’elle est en mesure de le faire ; le continent africain est en mesure de le faire. Mais on veut nous faire croire que l’Afrique est une jungle sans aucune valeur et sans la moindre importance. Parce qu’on sait que si vous conceviez toute la valeur qu’a l’Afrique, vous comprendriez pourquoi ils sont là-bas. »
« Je vous dis tout cela parce qu’il faut que nous comprenions, vous et moi, quelle est l’importance de l’enjeu. Vous ne pouvez pas comprendre ce qui se passe dans le Mississipi, (vous en France,) si vous ne comprenez pas ce qui se passe au Congo. Les mêmes intérêts y sont en jeu. On y trouve les mêmes camps, les mêmes complots s’y trament. L’enjeu est le même : il n’y a pas la moindre différence.» (Discours prononcé par Malcolm X en 1964)
B/ Fanon et la lutte des peuples Africains !
Mais alors, comment en sommes-nous arrivés à cette situation de guerre, de famine, d’orphelins ? Un continent sans médecins, sans ingénieurs, sans administrateurs : faut-il dire sans cerveau ?
Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères français, le 23 février 11, a ironisé sur l’idée que « c’est nous les Européens, en particulier, qui continuons à gouverner le Maghreb et que c'est nous qui nommons les gens et que si on l'avait voulu avant, si on avait été plus audacieux, on aurait nommé des gentils gouverneurs démocrates au lieu de nommer le méchant Kadhafi ou la famille Ben Ali. C'est une erreur, ça. »
Védrine tente de tourner cette idée en dérision, mais il n’en reste pas moins que l’Europe continue à exercer une certaine domination politique sur les pays du Maghreb ou de l’Afrique sub-saharienne.
C‘est Frantz Fanon qui a démontré les tactiques utilisées par les capitalistes et les États européens: « Le système colonial s’intéressait en effet à certaines richesses, à certaines ressources, précisément celles qui alimentaient ses industries. Aucun bilan n’a été fait du sous-sol. Aussi la jeune nation indépendante se voit-elle obligée de continuer les circuits économiques mis en place par le régime colonial... Le régime colonial a cristallisé des circuits et on est contraint sous peine de catastrophe de les maintenir. L’ancien pays colonisé devient dominé, se transforme en pays économiquement dépendant. Utilisant leur position stratégique, position qui les privilégie dans ces pays, on conclue des accords, s’engage. L’ex-puissance coloniale qui a maintenu intacts, et quelquefois renforcé, des circuits commerciaux de type colonialiste accepte par petites injections d’alimenter le budget de la nation indépendante. »
Fanon nous a désigné notre ennemie de toujours : l’Europe capitaliste, esclavagiste, colonialiste et bourgeoise. C’est dans le testament qu’il nous a légué, à nous les victimes du capitaliste vautour. Il a lancé ce mot d’ordre : « Damnés de la terre, Unissez-vous pour libérer l’Afrique du capitalisme ! » Et c’est qui se passe aujourd’hui de la Tunisie à Égypte, de la Libye à Djibouti, de l’Algérie au Yémen. Et demain ce sera le tour au Cameroun, au Gabon, au Congo.
Jean Paul Sartre, à qui il demanda d’écrire la préface de son livre, conclut alors que ce jour-là, la France bourgeoise, capitaliste sera foutue. Mais que, de toute façon, elle était en agonie et que les Africains allaient se libérer ! Car : « les nuits tombent, les unes après les autres » Louis Aragon !
« L’élite européenne entreprit de fabriquer un indigénat d’élite, elle a fabriqué de toute pièces une bourgeoisie de colonisés. Ces mensonges vivants n’avaient plus rien à dire à leurs frères. Une autre génération (…) vint qui déplaça la question. Quelle déchéance : pour les pères, nous étions les uniques interlocuteurs. Les fils ne nous tiennent même plus pour des interlocuteurs valables. Nos procédés sont périmés : ils peuvent retarder l’émancipation, ils ne les arrêteront pas. Et n’imagions pas que nous pourrons rajuster nos méthodes : le néo-colonialisme, ce rêve paresseux des Métropoles, c’est du vent.
Notre machiavélisme a peu de prises sur ce monde fort éveillé (NOTE : regardons, aujourd’hui, le courage à l’œuvre en Tunisie, en Égypte…). Les pères étaient, créatures de l’ombre, vos créatures, c’étaient des âmes mortes, ils ne s’adressaient qu’à vous, et vous ne preniez pas la peine de répondre à ces zombies. Les fils vous ignorent, les zombies, c’est vous. En France, l’universalisme se prétend universel. Mais ils ont aperçu cette vérité rigoureuse : nos belles âmes sont racistes. Le strip-tease de notre humanisme. Le voici tout nu, pas beau : ce n’était qu’une idéologie menteuse, l’exquise justification du pillage ; ses tendresses et sa préciosité cautionnaient nos agressions. Nous avons tous profité d’eux ! »
Que pouvons-nous faire, nous les Africains d’ici ? (Re)lire les nombreux livres de Césaire, Chomsky, Fanon et Malcolm X, seul ou avec d’autres, puis expliquer et appliquer leurs idées. Elles sont nécessaires pour réaliser une Afrique réellement indépendante, comme la lecture de « Peaux noires, masques blancs » est un manuel indispensable pour vivre dans une société blanche et bourgeoise. Et puis, Nicolas Sarkozy nous a lancé un défi lors de son fameux discours sur l’homme africain (à Dakar, en juillet 2007) : « Le voulez-vous ? » Il est temps que les Africains se débarrasse de ses dictateurs ; et de la France telle qu’elle est et qu’elle se comporte aujourd’hui. Les relations avec la France – une autre France - doivent être d’égale à égale ; les contrats signés avec elle, sont caduques et doivent être annulés. Les voyages des ministres (C Lagarde, Juppé, Wauquiez…) en Tunisie, en Égypte ont pour but de chercher à maintenir la servitude, les liens coloniaux. Il s’agit de convaincre ces nouveaux gouvernements de leur incapacité de réduire le chômage, d’industrialiser le pays… et qu’ils ont besoin de l’aide du capitaliste ! Aujourd’hui chaque Tunisien semble y veiller personnellement. Pourvu que ça dure !
Unité africaine pour chasser les dictateurs !
http://lafranceetlhommeafricain.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/03/16/le-retour-de-la-francafrique-fin.html
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