Vidéo de la 1ère comparution de SEM le Président Gbagbo, en bas de page |
Cette première séance ayant duré une demi-heure était accès sur trois questions. Il s’agissait d’une part de savoir si l’ancien président déchu avait été informé des charges retenues contre lui. D’autre part de l’informer sur l’ensemble de ses droits en tant que suspect et finalement de fixer la date d’audience de la confirmation des charges qui pèsent contre lui.
Il revient longuement sur ce jour d'avril 2011, qui a marqué sa chute. ""J'ai été arrêté sous les bombes françaises. Le 11 avril, une cinquantaine de chars français encerclaient ma résidence pendant que les hélicoptères bombardaient. C'est l'armée française qui a fait le travail et elle m'a remis aux forces d'Alassane Ouattara, qui n'étaient pas encore les forces régulières"", raconte-t-il. Avant l'audience, ses avocats avaient indiqué qu'ils contesteraient la légalité du transfèrement à La Haye.
Mais pas un mot là-dessus. Bien au contraire. ""Maintenant, je suis là, on va aller jusqu'au bout"", affirme Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo a aussi indiqué que son médecin, son fils et son ministre de l’Intérieur avaient été battus. Les deux premiers ont eu " beaucoup de chance " parce qu’ils vivent toujours. Par contre il a dit qu’il "ne comprends toujours pas pourquoi son fils a été arrêté".
Laurent Gbagbo n'est pas Slobodan Milosevic. L'ancien président de la Serbie contestait en 2002 la légalité même du tribunal international pour l'ex-Yougoslavie qui le jugeait pour génocide et crimes contre l'humanité. Arrogant, pinailleur, dominateur, manipulateur, il est mort avant la fin de son procès, dans une cellule à La Haye. Neuf ans après, un autre ancien chef d'État occupe une cellule dans le même centre de détention. Il comparaît devant une autre juridiction, la Cour pénale internationale. Mais le ton est différent. Le fond aussi.
Laurent Gbagbo, qui s'est présenté lundi pour la première fois devant ses trois juges, est respectueux de la justice. Sanglé dans son costume sombre et sa cravate bleue, il se lève quand la présidente de la Chambre, Silvia Fernandez de Gurmendi, le lui demande. Poli à l'extrême, calme et posé, il dénonce ses conditions de transfèrement à La Haye :
""On m'a trompé. J'ai été convoqué pour tout autre chose, et puis on m'a dit : voilà un mandat d'arrêt. On m'a raccompagné, mais au lieu de me ramener dans la maison où j'étais en résidence surveillée à Korhogo, on m'a conduit à l'aéroport. Mon chauffeur n'a pas osé me dire où j'allais, mais j'avais compris qu'on m'envoyait à la prison de la CPI à La Haye. J'ai été pris par surprise, je suis parti sans rien, juste avec le pantalon et la chemise que je portais. On n’a pas besoin de tromper les gens pour pouvoir les transférer devant la CPI, ça ne serre à rien. Si on m’accuse, c’est qu’on a des charges contre moi. Je suis prêt à comparaitre "", a-t-il conclu.
Laurent Gbagbo reconnaît être bien traité dans sa cellule : "J'ai mal au dos, aux poignets, on m'a fait des radios."
Dans les travées du public, des centaines de partisans du président déchu chantent "L'Abidjanaise", l'hymne national ivoirien. Laurent Gbagbo tend l'oreille. Puis il retourne dans sa cellule. La prochaine étape importante, si on le laisse vivre jusqu'à là, est fixée au 18 juin 2012 prochain, le temps pour l'accusé de prendre connaissance du dossier à charge et de préparer sa défense.
Abou Amin
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