- Sommes-nous certains que ceux qui parlent de Renaissance Africaine savent vraiment ce que c’est ?
- Sommes-nous surs qu’ils parlent tous de la même chose ?
Pour répondre à cette question, nous allons parcourir aujourd’hui, la première partie de la traduction de l’anglais du résumé d’une série de leçons que j’ai tenues entre 2009 et 2011 à l’Université de la Diplomatie de Genève (Geneva School of Diplomatie) d’un cours pour les étudiants du niveau Bachelor, intitulé : « Evolution de la Pensée Politique de Confucius à Bobbio ». Le contenu de ce cours plus en détails fera l’objet d’une publication séparée d’un livre intitulé tout simple : « La Pensée Critique » et dont la sortie est programmée pour la fin de l’année 2013.
D’ici là, aujourd’hui c’est la partie relative à la renaissance européenne qui nous intéresse, puisque c’est par rapport à cette dernière que les Africains empruntent l’expression pour parler de la renaissance africaine. Pour cela, nous allons prendre en examen, trois penseurs de cette renaissance européenne que j’aime beaucoup, deux Britanniques et un Français : Thomas More, Thomas Hobbes et Etienne de la Boétie.
A- THOMAS MORE, l’inventeur du Socialisme
More nait à Londres le 7 février 1478. En 1516, il publie son œuvre la plus populaire dénommée « l’Utopie »,
Aujourd’hui, le mot utopie signifie un idéal difficile à atteindre. Ce mot dérive donc, de ce livre de Thomas More : « L’utopie », le nom que More donne à ce pays imaginaire où vit un peuple heureux, parce que gouverné par des dirigeants vertueux. Dans ce pays qui n’existe nulle part, s’est construit une république idéale, sans commerce ni argent, parce que les « Utopiens » n’en n’ont pas besoin parce qu’il n’existe aucun bien au nom de quelqu’un. Tout le monde travaille et le fruit est utilisé pour satisfaire les besoins de toute la population. Il n’y a pas de luxe, ni de superflu. Les politiciens sont au service du peuple et non au service de leurs familles. Toute l’administration est au service du bien-être collectif. Car ce qui compte est le plein épanouissement de l’être humain mis au cœur de l’action politique.
More est un contemporain de Machiavel, son livre « Utopia » est publié à peine 3 ans après « Le Prince » de Machiavel (1513). Ces deux penseurs politiques vont connaître la même fin tragique à cause de leurs idées révolutionnaires. Machiavel sera torturé et exilé par ce pouvoir qu’il croyait servir dès lors qu’il voit les choses différemment de ce que le système attendait de lui. De même, More sera décapité par ce roi qui l’avait nommé au plus grand poste du royaume : Grand Chancelier faisant de lui, le premier non croyant à accéder si haut dans l’organisation étatique.
En 1533, le Parlement vote une loi pour introniser le roi Henri VIII chef suprême de l’Eglise Anglaise, More critique ce mélange de genre entre le religieux et l’état. Normalement, le religieux s’occupe de Dieu, met au centre de ses priorités et de ses activités dieu, alors que l’Etat doit s’occuper des êtres humains, l’état doit mettre au centre de ses préoccupations, la recherche des solutions pour les problèmes des êtres humains et la poursuite de l’objectif de leur bonheur. Mélanger l’exécutif avec la religion, est la preuve que l’être humain ne sera plus mis au centre de l’action politique, mais du mensonge religieux. D’où l’absurdité d’appeler une république : chrétienne, islamique ou juive. Le Grand Chancelier More, en accord avec sa conscience, refuse de reconnaître la suprématie spirituelle du roi. Il démissionne. Accusé de Haute Trahison pour ce geste courageux, il sera emprisonné dans la Tour de Londres et décapité le 6 Juin 1535.
Pour bien comprendre la haute valeur intellectuelle de l’objection de More, du manque d’éthique dans le fait de mélanger le religieux avec la politique, nous pouvons examiner des situations dans l’actualité. Lorsqu’en 1860, en pleine guerre civile, les gouvernants des Etats Unis d’Amérique vont faire imprimer sur toute la monnaie : « In GOD We Trust », il s’agit d’un message subliminale en direction du sud rebelle, mais profondément croyant que dieu était avec le gouvernement central contre lequel ils se battaient pour demander la sécession. C’est la même chose, lorsqu’un Président Américain finit un discours avec la phrase « God Blesses America » il est en train de signifier qu’il est le politicien dont l’action est guidée par dieu lui-même. En d’autres termes, que ses décisions sont infaillibles, exactement comme c‘était le cas pour les monarques au Moyen-Age. C’est contre le retour au Moyen-Age religieux que More décide de ne pas servir un Etat qui fait cette régression.
Voici un Extrait de L'Utopie de Thomas More. Jugez vous-même du génie de son auteur, par sa capacité à produire une pensée en 1516, et relue en 2012 à la vue de la crise financière en cours en occident depuis 2008 et le comportement prédateur des banquiers et des opérateurs boursiers, conserve toute sa valeur au présent, c’est-à-dire 496 ans après :
« Quand je reconsidère ou que j'observe les États aujourd'hui florissants, je n'y vois, qu'une sorte de conspiration des riches pour soigner leurs intérêts personnels sous prétexte de gérer l'État. Il n'existe pas de moyen, pas de machination qu'ils n'inventent pour conserver d'abord et mettre en sûreté ce qu'ils ont acquis par leurs vilains procédés, et ensuite pour user et abuser de la sueur des pauvres en la payant le moins possible. Dès que les riches ont une fois décidé de faire adopter ces pratiques par l'État (qui comprend les pauvres aussi bien qu'eux-mêmes) elles prennent du coup force de loi. Ces hommes détestables, avec leur insatiable avidité, se sont partagés ce qui devrait suffire à tous ; et même avec tout ça, ils sont loin, très loin du bonheur ! »
La chose extraordinaire de More est qu’il est au XXème siècle, le seul penseur politique plébiscité soit par les communistes que par l’Eglise catholique pendant toute la guerre froide. En effet, sa statue est bien érigée sur un obélisque sur la place du Kremlin à Moscou, avec les meilleurs précurseurs du socialisme et du communisme dans le monde. Canonisé lors de la commémoration des 400 ans de sa mort, en 1935, c’est en l’an 2000 que le pape Jean-Paul II le fera « le patron des responsables de gouvernement et des hommes politiques ».
Il va influencer plusieurs penseurs après lui :
- Dès l’année de la mort de More, en 1535, c’est le français François Rabelais dans son roman "l'Abbaye de Thélème", qui fait voyager ses personnages dans la ville d'Utopie.
- Au XIX siècle, les plus grands projets avec à la base l'idéologie socialiste sont conçus autour de l'Utopie
- Voltaire pour mettre à nu les problèmes de l'organisation sociétale au XVIIIème siècle, utilisera deux chapitres dans Candide pour développer sa pensée sur l'Utopie.
- Au XXème siècle c'est Karl Marx qui ira plus loin pour dépasser le socialisme utopique de More pour proposer son fameux socialisme scientifique.
Devoir : Commentez en 20 lignes maximum, 7 de ces 14 pensées politiques de Thomas More extraites pour la plupart de " L’Utopie ". Détaillez vos explications avec des exemples tirés de l’actualité ou de la vie politique dans votre pays.
1- "L'orgueil ne mesure pas le bonheur sur le bien-être personnel, mais sur l'étendue des peines d'autrui. "
2- "Le cadavre sans sépulture a le ciel pour linceul"
3- "Aucune peine ne réussira à empêcher de voler ceux qui n'ont aucun autre moyen de se procurer de quoi vivre. Votre peuple et la plupart des autres me paraissent agir en cela comme ces mauvais maîtres qui s'occupent à battre leurs élèves plutôt qu'à les instruire. On décrète contre le voleur des peines dures et terribles alors qu'on ferait mieux de lui chercher des moyens de vivre, afin que personne ne soit dans la cruelle nécessité de voler d'abord et ensuite d'être pendu."
4- "Il est certain que la plus brillante parure peut couvrir la plus dégoûtante difformité."
5- "Il existe une foule de nobles qui passent leur vie à ne rien faire, frelons(guêpes) nourris du labeur d'autrui , et qui , de plus , pour accroitre leurs revenus , tondent jusqu'au vif les métayers(paysans) de leurs terres. (...) Ils trainent de plus avec eux des escortes de fainéants qui n'ont jamais appris aucun métier capable de leur donner leur pain."
6- "Est-il, en effet, de plus belle richesse que de vivre joyeux et tranquille, sans inquiétude ni souci ?"
7- "Si vos efforts ne peuvent servir à effectuer le bien, qu'ils servent du moins à diminuer l'intensité du mal : car tout ne sera bon et parfait que lorsque les hommes seront eux-mêmes bons et parfaits. Et, avant cela, des siècles passeront."
8- "Quel est l'homme qui désire plus vivement une révolution ? N'est-ce pas celui dont l'existence actuelle est misérable ? Quel est l'homme qui aura le plus d'audace à bouleverser l'Etat ? N'est-ce pas celui qui ne peut qu'y gagner, parce qu'il n'a rien à perdre ?"
9- "Chercher le bonheur sans violer les lois, est sagesse ; travailler au bien général, est religion ; fouler aux pieds la félicité d'autrui en courant après la sienne, est une action injuste."
10- "Arrachez de votre île ces pestes publiques, ces germes de crime et de misère. Décrétez que vos nobles démolisseurs reconstruiront les métairies et les bourgs qu'ils ont renversés, ou céderont le terrain à ceux qui veulent rebâtir sur leurs ruines. Mettez un frein à l'avare égoïsme des riches ; ôtez-leur le droit d'accaparement et de monopole. Qu'il n'y ait plus d'oisifs pour vous. Donnez à l'agriculture un large développement ; créez des manufactures de laine et d'autres branches d'industrie, où vienne s'occuper utilement cette foule d'hommes dont la misère a fait jusqu'à présent des voleurs, des vagabonds ou des valets, ce qui est à peu près la même chose."
11- "Le roi qui nourrit une armée n'a jamais trop d'argent."
12- "En général l'argent est le nerf de la guerre, soit pour acheter des trahisons, soit pour combattre à force ouverte."
13- "la prospérité ou la ruine d'un État dépend de la moralité de ses gouvernants."
14- "C'est la hantise de la pénurie qui rend avide et rapace, ainsi qu'on le constate chez tous les êtres vivants ; l'homme y ajoute l'orgueil, qui lui est propre et qui lui donne l'illusion que l'on dépasse les autres par un étalage de superfluités."
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B- ETIENNE DE LA BOETIE (l’inventeur de la Science Politique)
Etienne de La Boétie (1530-1563) est un penseur français qui a écrit à seulement 18 ans en 1548, l’un des plus beaux ouvrages de la science politique qui n’était qu’à ses débuts, intitulé : « Discours sur la Servitude Volontaire » . La Boétie est un jeune homme très intelligent. Il veut réaliser un livre sur la dictature. Pour ne pas se faire trancher la tête il fait deux choses qui démontrent tout son génie : au lieu d’écrire sur le dictateur, sur le tyran, il écrit plutôt sur le peuple qui accepte la dictature, mieux, il parle du présent, de son 16ème siècle, mais en faisant croire qu’au fond, il parle de l’antiquité. Ses exemples ne font référence qu’à l’époque lointaine de l’antiquité. La question au centre de son livre est celle de savoir comment un peuple fort peut-il accepter de supporter et de souffrir la dictature d’un tyran faible, dont le pouvoir ne se repose que dans cette acceptation par la population sous son joug.
La Boétie se pose la question de savoir si dans l’histoire l’homme a toujours été sous domination ou non. Sa réponse est NON. Si l’homme est né libre et était libre avant il y a pu bien y avoir un accident de l’histoire qui a rompu quelque chose et faire passer de cette liberté à ce qu’il appelle la servitude volontaire ; volontaire, parce que nul n’oblige l’être humain à subir le tyran. Et il arrive à trouver cet accident de l’histoire en l’apparition sur la planète terre de quelque chose qui s’est fait appeler l’Etat. Pour lui, cet Etat qui crée la division entre ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouverné est accidentel. La Boétie va même plus loin, il trouve que l’être humain qui subit la tyrannie est pire que l’animal, parce que, dit-il, dans le monde animal, aucun animal n’est au service de l’autre. La soumission, l’esclavage est un acte contre nature. Il écrit : « les bêtes… ne se peuvent accoutumer à servir (…). Ce qu’il y a de clair et évident pour tous, et que personne ne saurait nier, c’est que la nature (…) nous a tous créés et coulés, en quelque sorte au même moule, pour nous montrer que nous sommes tous égaux, ou plutôt frères. »
La Boétie, conclut en établissant de façon surprenante 3 formes de dictatures qui sont tout aussi actuelles en ce 2012 qu’en 1560. Il écrit : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns règnent par l’élection du peuple (pompeusement appelée aujourd’hui : démocratie), les autres par la force des armes, les derniers par succession de race ». Il ajoutera : «Soyez donc résolus à ne plus servir et vous serez libres. » Pour lui, le pouvoir est en nous, il fonctionne en nous, dans le plus profond de nous-mêmes, avides de s’identifier au tyran. C’est comme cela qu’il nous révèle, non plus comment cela se passe, mais pourquoi. Et c’est fondamentalement lié au fait que chaque individu veut s’identifier au dictateur, pour devenir le dictateur de quelqu’un d’autre, à son niveau.
Etienne de La Boetie meurt à 33 ans en 1563, tué probablement par la peste et passe le flambeau du savoir à son ami indéfectible, Montaigne qui est à ses côtés durant les 3 jours d’agonie et que nous allons étudier prochainement.
Devoir : Commentez en 20 lignes maximum, 5 de 10 pensées politiques de La Boétie extraites pour la plupart de "Discours de la Servitude Volontaire". Détaillez vos explications en prenant pour référence les relations de dominant-dominé entre l'Europe et l'Afrique.
1- « Soyez résolus de ne plus servir, et vous serez libres. »
2- « La modernité se définit comme un progrès décisif de la conscience de soi. »
3- « La seule liberté, les hommes ne la désirent point. »
4- "les tyrans, plus ils pillent, plus ils exigent, plus ils ruinent et détruisent plus on leur baille, plus on les sert, d’autant plus ils se fortifient et deviennent toujours plus forts et plus frais pour anéantir et détruire tout."
5- "Or ce tyran seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni de l'abattre. Il est défait de lui-même pourvu que le pays ne consente point à sa servitude. Il ne s'agit pas de lui ôter quelque chose, mais de ne rien lui donner."
6- "Ce maître n'a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et rien de plus que n'a le dernier des habitants du nombre infini de nos villes. Ce qu'il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez pour vous détruire."
7- "Il ne peut y avoir d'amitié là où se trouvent la cruauté, la déloyauté, l'injustice. Entre méchants, lorsqu'ils s'assemblent, c'est un complot et non une société. Ils ne s'aiment pas mais se craignent. Ils ne sont pas amis, mais complices".
8- "C'est un extrême malheur que d'être assujetti à un maître, dont on ne peut être jamais assuré qu'il soit bon, puisqu'il est toujours en sa puissance d'être mauvais quand il voudra."
9- "Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux."
10- "Pour que les humains se laissent assujettir, il faut de deux choses l'une: ou qu'ils y soient contraints, ou qu'ils soient trompés."
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C- THOMAS HOBBES (l’inventeur du Contrat Social)
Hobbes nait à Malmesbury en Angleterre en 1588 et meurt à Harwick en 1679. Hobbes est un penseur hors norme. Son tout premier livre intitulé : « Elément du droit, naturel et politique » publié en cachette en 1640 ne sera vendu que sous le manteau pendant 10 ans avant de voir le jour en 1650. A cause de ses idées et la menace pour sa sécurité, parce qu’il ne croit pas en dieu, Hobbes fuit la Grande Bretagne et se réfugie en France pendant 11 ans. Il va publier pendant ce séjour dès 1650 « La Nature Humaine », mais c’est son chef-d’œuvre qui sort l’année d’après en 1651 qui nous intéresse, intitulé : « Léviathan ». A cause des parties du livre où il critique l’église catholique, il est obligé de fuir la France où il est menacé de mort et rentre en Angleterre où pour avoir la grâce du roi, pour avoir écrit contre dieu, il accepte de brûler ses livres et les manuscrits des nouveaux qu’il s’apprêtait à publier. Contrairement aux autres penseurs téméraires de la renaissance, Hobbes ne nie pas l’existence de dieu, non. Il trouve que dieu n’est ni plus ni moins qu’un être tout aussi matériel que les autres, il est juste un peu plus raffiné que les autres, un peu plus intelligent. Il dit que l’Eglise catholique n’est rien d‘autre que le cadavre de l’Empire Romain qui refuse de mourir et qui se cache derrière un dieu hypothétique pour agiter la peur, utilisée pour commander le monde sans plus besoin de l’armée romaine. Ce sont ces propos qui lui vaudront la fatwa de l’Eglise Catholique Romaine qui le surnomme désormais : « la bête de Malmesbury » et sa fuite de la France (fille ainée de l’Eglise catholique). Pour se moquer de ces religieux qui veulent sa tête, il dira : "Ceux qui approuvent une idée l'appellent opinion; mais ceux qui la désapprouvent l'appellent hérésie."
Reprenant un concept utilisé pour la première fois par le comédien Plaute né à Sarsina (Ombrie) en 254 et mort à Rome en 185 avant notre ère dans la « comédie de l’Anes », Hobbes écrit dans son livre : DE CIVE, « l’homme est un loup pour l’homme », l’homme est le pire ennemi de son semblable, c’est-à-dire que les hommes sont des fauves contre d’autres hommes. Et pour qu’il y ait la paix et l’ordre, ils doivent être calmés par un d’eux encore plus fauve que les autres, encore plus méchant que les autres. Les hommes n’acceptent pour le gouverner que celui qui a la puissance de tenir sous contrôle tous les autres petits méchants.
Devoir : Commentez en 20 lignes maximum, chacune de ces 6 pensées politiques de Hobbes extraites pour la plupart du Léviathan:
1- « La valeur ou l'importance d'un homme, c'est comme pour tout autre objet, son prix, c'est-à-dire ce qu'on donnerait pour disposer de son pouvoir. »
2- La papauté n'est rien d'autre que le fantôme du défunt Empire Romain, siégeant couronné sur sa tombe. »
3- « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tient en respect, ils sont dans cette condition qui se nomme guerre, la guerre de chacun contre chacun. »
4- « Le privilège de l'idiotie et de l'absurdité est réservé à la seule créature humaine. » Appuyez votre commentaire avec la vision de Hobbes selon laquelle l’animal est même plus intelligent que l’humain, parce qu’il ne se comporte jamais contre ses propres intérêts.
5- « Là où il n’y a pas de puissance commune, il n’y a pas de loi ; là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas d’injustice. La force et la ruse sont, en guerre, les deux vertus cardinales. »
6- « Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer. Il consiste à être libre. »
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QUELLES LEÇONS POUR L’AFRIQUE ?
Pour parler de renaissance africaine, encore faut-il trouver des personnes de la qualité culturelle et morale de ceux qui ont bâti la renaissance européenne. En Afrique, le modèle colonial a enseigné que la possession d’un diplôme universitaire est suffisante pour devenir un sage, un savant. Et sur les cartes de visite de ces personnes, on constate amèrement que plutôt que d’y mettre un symbole de leur bilan, c’est plutôt le titre du diplôme qui fait figure de titre, on foule le ridicule, lorsque ces intellectuel du dimanche vont jusqu’à ajouter la publicité gratuite sur le carte de visite du nom de l’université européenne ou américaine où ils ont étudié. Comment est-ce possible de faire renaitre l’Afrique avec de tels personnages ? Peut-on minimement comparer ces guignols avec un More, un Hobbes ou un Boétie ?
Comment peut-on aller contre le maitre pour conquérir sa liberté si on ne prend pas la peine de comprendre au préalable quel est le degré d’intelligence des penseurs qui ont permis de fortifier ce maître ? Sans chercher à comprendre le degré de complexité de la société construite par les penseurs dont le maitre se réfère ?
L’objectif de cette leçon est d’inciter la jeunesse africaine à sortir de la médiocrité compassionnelle de ses ainés pour qu’il en sorte des penseurs de demain, des vrais, capables d’oublier leur carrière professionnelle pour penser, penser encore, faire tourner leur cerveau pour indiquer à la masse comment fixer le cap d’une nouvelle société africaine où l’intérêt général pourra primer sur les égoïsmes partisans.
Le diplôme est comme la clé pour ouvrir une porte. Mais une fois franchie le seuil de la porte, tout reste à faire et ce n’est pas en regardant 1000 fois la couleur de la clé que les meubles vont s’installer tout seuls, que la peinture va occuper seule le mur, que les câbles vont tout seuls parcourir la maison et donner l’électricité. La différence entre un diplômé et un intellectuel est que le premier cite à tout vent son titre académique, il ajoute même une autre bêtise : « Major de ma Promotion », un titre qui est certes louable, mais inutile et complètement puérile de le citer lorsqu’il est suivi par l’inaction, l’inertie, la résignation et par le manque d’esprit d’initiative. L’intellectuel en revanche, se présente en citant son dernier brevet déposé, sa dernière invention, son dernier pont à peine construit, le dernier immeuble de 100 étages qu’il vient de commander ou de diriger les travaux.
Le penseur est celui qui a l’amour de partager ses connaissances, son savoir, ses opinions, sa vision du monde. Et ceci passe obligatoirement dans le niveau de langage utilisé. Il y a des personnes qui ne s’expriment à travers les livres que pour épater la gallérie avec des phrases toutes cryptées et construites avec un dictionnaire devant eux et pour les lire et les comprendre, il faudra un autre dictionnaire pour les décrypter. Ce sont des textes dès l’origine destinés à une minorité, rarement plus de 100 personnes. C’est ce qui explique que ce sont des ouvrages très souvent publiés en compte-d’auteur, payé par l’auteur lui-même pour les besoin d’embellir son curriculum vitae. Le penseur parle pour se faire comprendre par le plus grand nombre de personnes ; si nécessaire, pour contourner la censure, il crée sa propre maison d’édition. Il n’y a pas d’âge pour exceller dans la production des écrits. La Boétie n’avait que 18 ans, inscrit en première année de la faculté de droit à l’Université d’Orléans en France, lorsqu’il a écrit son chef d’œuvre. Il était donc sans diplôme, ce qui est la preuve qu’être diplômé d’une prestigieuse université à Paris ou à Boston, n’a jamais transformé le minable en sommité. Les idées que vous portez en vous sont de loin façonnées et améliorées par vos multiples lectures que par un quelconque diplôme.
Comme partout dans le monde, l’Afrique a une pléthore de pseudo politiciens et de pseudo partis politiques et leur nombre augmente au fur et à mesure que le chômage croit. Ce ne sont donc pas les politiciens ou de nouveaux partis politiques qui manquent à notre continent, mais les penseurs, les éclaireurs, des personnes capables de sacrifier leur carrière et leur succès personnel pour permettre à la société dans son ensemble de comprendre les pièges du système pour avancer plus vite. L’Afrique a besoin que ses jeunes soient protégés de la pollution intellectuelle des ainés véreux, pourris jusqu’à l’os dans un système malsain où la misère très souvent entretenue a fait des ravages sur la moralité et l’éthique de ces victimes devenus eux-mêmes des bourreaux. La renaissance européenne n’a pas été bâtie sur une succession de propagandes ou de racolage intellectuel, mais sur le courage et l’intelligence des personnes très souvent des jeunes qui avaient un idéal profond de sortir l’être humain de l’infantilisation religieuse et monarchique de 1000 ans du moyen âge. L’Afrique a besoin de renaitre après 500 ans de soumission et d’humiliation. L’insuffisance des ainés les a installés dans un rôle confortable de copier-coller de l’agenda dicté ailleurs et au service des intérêts externes.
Jean-Paul Pougala
Douala le 5/11/2012
Leçon n° 47 destinée aux étudiants et étudiantes de Master 2 à l’Institut Supérieur de Management ISMA de Douala au Cameroun
Ps : Au prochain cours nous allons plonger dans le moyen-âge européen pour pêcher un penseur qui a osé sortir des rangs et il a payé très cher son envie de liberté. On fera un tour en Chine pour découvrir le concept de l’amour universel, en passant par la Syrie où nous attend un très valeureux penseur Perse sur le rôle de l’éclaireur qui utilise sa plume pour changer la société. S’il y aura du temps, nous ferons un saut en Inde, loin des sentiers battus.
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